LPO : préserver la biodiversité à toutes les échelles

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La Ligue Protectrice des Oiseaux (LPO), créée au début du XXème siècle, nous a accueillis afin que l’on comprenne leurs actions de sensibilisation à la préservation de la biodiversité, qui est devenue leur objectif principal.

« Si j’ai un rêve ? Oui, qu’on laisse la nature tranquille ». Voilà ce que nous confie Paul Maerten, le président de la Ligue Protectrice des Oiseaux, à la fin de notre entretien. Tout au long de celui-ci nous avons compris que la LPO n’était plus engagée qu’en faveur des oiseaux mais également, depuis 2002, de la protection de l’ensemble de la biodiversité.

Le logo lui en revanche n’a pas changé, les macareux moine y sont toujours à l’honneur. Ils y figurent depuis la création de l’association en 1912. La LPO a été fondée, dans un premier temps, pour lutter contre les « massacres » perpétrés par les chasseurs sur « les côtes bretonnes » à l’encontre de cette espèce d’oiseaux. « Des trains complets de chasseurs venaient de Paris pour faire des cartons alors qu’il n’y avait aucun intérêt gustatif, c’était juste le plaisir de tuer » s’indigne le Président de la LPO Nord.

M. Maerten a rejoint l’association il y a 5 ans et en a gravi les échelons : Vice-président de LPO Nord, il en devient le Président en août 2019, puis Président de LPO Hauts-de-France. La LPO Nord a grandi sous sa direction, cinq postes de travail ont été créés. Désormais, la section du Nord est munie de deux animatrices qui interviennent en milieu scolaire, deux responsables de projets et une coordinatrice administrative.

L’association en action

Aujourd’hui l’association mène des projets de préservation de l’environnement avec des établissements scolaires, des entreprises mais aussi des particuliers. Les deux animatrices scolaires reflètent l’ambition qu’a l’association, d’instruire les jeunes générations à la préservation de l’environnement.

Celles-ci se chargent par exemple de créer des espaces verts au sein de collèges ou lycées. Quant aux entreprises, la démarche peut venir des dirigeants ou des salariés qui désirent que l’on s’occupe des espaces verts environnants. Par exemple, la LPO travaille avec l’usine de pare-chocs Toyota basée à Valenciennes. Cette « opération spectaculaire » a consisté à planter 500 arbustes en trois jours avec les salariés. Malheureusement, certaines sociétés restent fermées à l’idée et préfèrent leur « modèle Versailles » : gazon et haies tondus fréquemment pour faire plus joli, “plus propre”. Paul Maerten nous indique pourtant que « quand on taille les haies trop souvent, ça dérange la nidification et si on taille au moment des fleurs, il n’y a pas de fruits au moment où il faudrait en manger ». C’est pour cela que l’association se bat pour laisser vivre la nature, tout simplement. Elle s’oppose aux « espaces verts coupés au cordeau », à la rénovation urbaine en général, aux pesticides et à tout ce qui engendre une raréfaction des habitats et un impact préjudiciable sur nos écosystèmes. « Les gens disaient durant le confinement : « c’est curieux, les oiseaux chantent plus fort en ce moment » alors que pas du tout c’est juste qu’il n’y a plus le bruit des voitures ».

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Combats et projets

Dans le Nord, les combats de l’association sont multiples. Elle milite notamment actuellement contre un projet de parc éolien en mer à Dunkerque. 46 éoliennes devraient être construites à 10 kilomètres des côtes, mais selon le Président de la LPO Nord « c’est un couloir de migrations extrêmement important car tous les oiseaux de la Grande-Bretagne et de Scandinavie passent par là pour venir hiverner dans des contrées plus chaudes ». C’est en quelque sorte, l’écologie qui se bat contre l’écologie. Cet aspect est également présent lorsqu’il est question d’isolation thermique. Cette tendance écologique vise à reboucher les trous dans les murs des bâtiments, qui ne parviennent pas à conserver la chaleur, qualifiés de « passoire thermique ». Or ces trous permettent aux oisillons et oiseaux de trouver refuge…

L’association mène également, à échelle nationale, des projets sur le long terme. Cette année, par exemple, le projet est d’accentuer la préservation des espèces endémiques des territoires d’Outre-mer tel que le Tuit-Tuit présent sur l’île de la Réunion. En parallèle, la LPO défend le projet de « trames noires et blanches » en milieu urbain. Cela consiste à diminuer au maximum l’éclairage nocturne dans les villes qui fait fuir les oiseaux (trame noire) et faire attention au bruit (trame blanche). Des expérimentations sont en cours à Douai et Lille. Le Président de la LPO Nord a également comme ambition lointaine la construction d’un centre de soins au sein de la Métropole lilloise (le plus proche étant situé actuellement à Calais).

De plus, pour les personnes ne sachant que faire lorsqu’ils trouvent des animaux en danger, une ligne de communication directe est mise en place par la LPO. “SOS Faune en détresse” a été créé en 2019 et rencontre un succès croissant: 4600 appels enregistrés l’année dernière ! Conseiller le grand public est une tâche à part entière. Certaines personnes nourrissent les animaux en détresse avec des aliments plus nocifs que régénérateurs, comme cette personne qui a donné à manger un jaune d’oeuf à un faucon… Le faucon n’y a pas survécu. C’est pourquoi des Rallyes nature sont organisés par la LPO pour sensibiliser le public aux gestes refuges.

« Entre 650 et 700 refuges dans le Nord »

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Des refuges ont été proposés par l’association dès 1921. La LPO s’appuie dans le Nord sur près de 700 particuliers qui offrent un refuge aux animaux chez eux. On en compte environ 2 000 dans toute la région Hauts-de-France. Didier Leclerq, lillois, a accepté de nous ouvrir ses portes. Il n’existe aucun contrôle de l’association sur ces refuges, ni aucune visite obligatoire. Une lettre d’information leur est transmise et Claude Delille, coordinatrice des refuges, organise des rencontres entre “refugistes”. Didier tient son refuge depuis qu’il a acheté sa maison, il y a une trentaine d’années. Il n’y avait que du gazon tondu dans son jardin lors de l’achat, désormais c’est un mini-parc forestier qui s’y est développé. Ce fabuleux jardin comportant une mare est capable d’accueillir une multitude d’espèces différentes d’oiseaux mais aussi des grenouilles et des poissons. Pas besoin de les nourrir, ils le font eux-mêmes. Groseilles, pêches, baies, sorbier, toutes les plantations sont à leur disposition.

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S’occuper de son jardin apporte de l’« apaisement » et rend Didier plus « zen ». Ce havre de paix est cependant quelque peu chronophage, « une heure par jour en moyenne ». Le jardin est tel une barbe, Didier Leclercq nous l’explique très bien. Se raser tous les jours c’est comme couper son gazon toutes les semaines, c’est simple mais « entretenir une barbe de trois jours prend plus de temps, c’est pareil pour un jardin ». Ceci-dit, un balcon peut également devenir refuge et accueillir une infinité d’espèces. Certains aménagements sont très simples à installer et peuvent permettre aux oiseaux de venir se reposer ou s’abreuver plus aisément.

Comme le précise le Président de la LPO Nord, le refuge offre à une infinité d’animaux « le gîte et le couvert » …

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Crédit interview : Paul Maerten, Didier Leclercq par Nils Gobardhan et Lesly Cousin

Crédit rédaction : Nils Gobardhan

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