Le premier juin, nous avons rencontré Louis Ellie Maillard et Cyrille Roquette, co-fondateurs de l’association Impulso. Impulso c’est 150 jeunes impulseurs en 5 ans. Basée à Wasquehal, la structure fonctionne grâce à cinq salariés qui coordonnent trois programmes d’engagement volontaire.
Tout commence en 2013. Louis Ellie et Cyrille se rencontrent en deuxième année à l’IESEG. Trois ans plus tard, ils décident de monter de toute pièce leur propre volontariat. Le temps d’une année de césure, ils souhaitent partir pendant six mois en alliant l’aspect humanitaire avec leurs études. Leur attention se porte sur les IMF, instituts de micro-finances ou plutôt sur les personnes qui bénéficient de leurs micro-crédits dans des pays en voie de développement.
Ce sont des prêts de 200 à 2 000 euros avec de forts taux d’intérêt accordés à des personnes extrêmement précaires. 90 % d’entre elles sont des femmes à qui des agents proposent de l’argent en échange de la signature de quelques papiers. La demande est simple, le remboursement compliqué. Nombreuses sont celles qui empruntent cet argent pour créer des micro-entreprises comme des petits restaurants ou des supérettes pour subvenir à leurs besoins et ceux de leur famille.
Mais cet argent leur est confié alors qu’elles n’ont reçu que peu voire pas du tout d’éducation financière.
C’est ainsi qu’à l’âge de 21 ans, ils choisissent de partir en Amérique latine pour éviter la barrière linguistique. Ils passent par le Honduras, le Nicaragua et le Pérou, consultent 3 IMF différents et constatent qu’ils peuvent réellement avoir un impact sur place. Le besoin est immense. Ils prolongent l’expérience durant six mois, parcourent d’autres villes et commencent à créer leur projet associatif. Le recrutement des prochains volontaires, précieuses pièces du puzzle d’Impulso, commence.
3 programmes, 1 parcours d’engagement
L’activité première de l’association est l’envoi de binômes volontaires dans des villes de moins de 50 000 habitants en Amérique latine. C’est le programme AmLat, mis en place dans 4 pays pour 6 terrains d’action. Les impulseurs, qui viennent de toute la France, sont formés puis lèvent des fonds pendant 6 mois. Au total, 10 000 euros par binôme doivent être récoltés parmi lesquels 3 000 reviendront au fonctionnement de l’association. Ils partent sur le terrain durant 6 mois et commencent par tisser un lien social avant d’accompagner entre 5 et 7 personnes. Les volontaires ont un appel toutes les 3 semaines avec un salarié d’Impulso et peuvent toujours appeler un salarié de l’association en cas de problème.
Mission France :
Pendant le confinement, en 2020, Louis Ellie et Cyrille, profondément animés par l’amour de leur région, ont pu constituer la pièce manquante du puzzle : un programme leur permettant d’avoir un impact dans les Hauts de France. À la clé : un service civique impliquant l’accompagnement de 2 ou 3 petites associations de la région. Digitalisation, structuration, gestion de projet sont autant de missions que les jeunes se voient attribuer. L’objectif : mettre à disposition des talents auxquels ces structures n’auraient pas accès autrement.
La promotion se réunit toutes les semaines en présentiel pour faire un état des lieux de l’accompagnement de leurs bénéficiaires et partager leurs problématiques.
C’est sportif !
Depuis deux ans, l’association a recommencé à lancer un nouveau défi : traverser un continent à vélo, toujours en binôme. Cela représente entre 3 000 et 5 000 km que ce soit en Amérique Latine ou en Europe. Ils s’élancent comme des flèches vers une cible : se surpasser tout en levant des fonds pour les redistribuer en finançant par exemple des micro-crédits à taux 0.
Étape par étape
Que ce soit pour le Défi sportif, la mission France ou AmLat, le parcours du volontaire est toujours le même. Ils ont une formation en ligne obligatoire qui leur demande entre 2 et 8 heures par semaine. Organisation, gestion de conflit, gestion des émotions ou encore méthode pour la levée de fonds sont au programme pour préparer les prochaines étapes. Les volontaires se rencontrent également une fois par mois lors d’événements à Lille ou à Paris parce qu’Impulso c’est aussi une véritable communauté. Viendront ensuite la récolte de dons, les retours d’expériences d’anciens puis la préparation logistique pour la mission de terrain. Et c’est un succès puisque l’association accueille 50 jeunes par an. Les volontariats ont véritablement un double impact : les impulseurs en tirent autant que les impulsés.
Un puzzle à impact
Au cœur des préoccupations de Louis Ellie et Cyrille, l’impact d’Impulso se manifeste de plusieurs façons. Parmi les 5 salariés de l’association, Clément, RH fait partie de la première promotion. Il a rejoint l’aventure et a été recruté moins d’un an après son volontariat. Il explique : “Ils parlaient de nous garder proches de la communauté, je voulais vraiment rester avec eux au quotidien et pas juste m’arrêter au volontariat et moi j’avais de supers retours de potes sur Lille”.
Et si les autres volontaires ne deviennent pas salariés de l’association, Impulso est parfois une manière de trouver sa vocation ou encore de se démarquer lors d’un entretien d’embauche. Pour une très grande majorité de volontaires, l’expérience Impulso est extrêmement enrichissante personnellement et professionnellement.
Il en va de même pour les socias, nom donné aux femmes qui ouvrent des micro-entreprises en Amérique latine. Louis Ellie nous raconte qu’en retournant avec Cyrille en Amérique Latine pour faire une visite chez un partenaire, ils n’ont pas reconnu le stand tenu par une des femmes accompagnées alors qu’ils y passaient par hasard pour venir chercher du chocolat. La devanture avait été complètement changée et la socia avait pu envoyer ses enfants à l’école. C’est avec de l’humilité, de la confiance ainsi qu’une volonté de grandir et faire grandir qu’ils continueront de donner l’impulsion.
Crédit Interview : Lesly Cousin & Noemi Grette
Crédit Rédaction : Noemi Grette